Réalités sur-mesure : et c’est ainsi que la vérité se perd.

Une réflexion sur les dangers des algorithmes de personnalisation omniprésents. Les bulles de filtres auront-elles raison de notre humanité ?

Imaginez un univers où chaque interaction, chaque fragment d’information, chaque parcelle de vérité est méticuleusement taillée sur mesure pour épouser le moule de vos croyances préexistantes. Cet univers n’est pas une dystopie futuriste, mais bien notre réalité actuelle, façonnée par les réseaux sociaux et les algorithmes qui les régissent chaque jour un peu plus. Nous voici plongés dans une ère où l’illusion se drape des atours de la norme, où la question de savoir si nous sommes ce que nous sommes ou ce que nous pensons être revêt une pertinence inédite.

Les plateformes sociales hyper personnalisées tissent des échos numériques qui métamorphosent nos perceptions, brouillent les frontières entre réel et chimérique, et nous enferment dans des bulles de confort idéologique. Tel le choix cornélien entre pilule rouge ou bleue dans le film Matrix, il nous faut trancher : demeurer dans l’illusion confortable ou affronter la réalité, aussi âpre soit-elle.

Cet article se propose d’explorer les arcanes de cette personnalisation extrême qui nous fait perdre pied avec la réalité objective, en exacerbant le principe de désir au détriment du principe de réalité, et d’en disséquer les implications sociétales. Car au cœur de cette quête se cache une interrogation philosophique fondamentale : pouvons-nous être vraiment libres si notre réalité n’est qu’un miroir flatteur de nos désirs ?

Les mécanismes de l’illusion numérique

La réalité numérique dans laquelle nous évoluons aujourd’hui transcende le simple reflet du monde tangible ; elle s’apparente davantage à une construction soigneusement calibrée pour répondre à nos désirs de reconnaissance et conforter nos croyances. Les algorithmes des réseaux sociaux, véritables architectes de nos interactions numériques, jouent donc un rôle prépondérant dans cette dynamique en créant des bulles de filtres où la confirmation des croyances devient la norme.

Algorithmes et bulles de filtres

Tels des démiurges invisibles, les algorithmes des réseaux sociaux façonnent nos interactions numériques. Conçus pour maximiser notre engagement, ils décortiquent nos comportements en ligne – clics, likes, partages – pour nous servir un contenu sur mesure, en adéquation parfaite avec nos préférences. Ce phénomène de « bulles de filtres » nous enferme dans des réalités parallèles où tout semble confirmer ce que nous croyons déjà, tels des miroirs numériques réfléchissant à l’infini nos propres certitudes.

Les bulles de filtres renforcent tous types de croyances

Les partisans de la Terre plate sont convaincus davoir raison

Prenons l’exemple des adeptes de la Terre plate. Dans notre monde hyper connecté, ces individus trouvent en ligne pléthore de contenus – vidéos, articles, forums – qui étayent leur conviction d’une Terre discoïde. Les algorithmes, en favorisant ces contenus qui maintiennent l’engagement des utilisateurs, plongent le platiste dans une réalité où tout semble prouver la platitude de la Terre, renforçant ses convictions et le rendant imperméable aux preuves scientifiques contraires.

Car dans cette logique purement algorithmique, la démarche scientifique et sa fiabilité sont réduites à néant, et une preuve scientifique n’est plus qu’une opinion parmi d’autres, balayée d’un clic au profit d’un contenu plus en phase avec les attentes de l’utilisateur. Car c’est souvent tout ce qui compte pour les concepteurs de ces algorithmes : maintenir l’utilisateur actif, captif, et maximiser son engagement pour maximiser les revenus générés. Cette sélection algorithmique engendre une illusion de vérité, une réalité alternative qui isole l’individu de la vérité objective.

Structurellement, ces algorithmes favorisent les pensées extrêmes

Des études révèlent en outre que les bulles de filtres contribuent à la polarisation des opinions. Une recherche de l’Université de Stanford a démontré que les algorithmes des réseaux sociaux privilégient les contenus suscitant de vives réactions émotionnelles, amplifiant de fait les croyances extrêmes et réduisant l’exposition à des points de vue contradictoires, plus nuancés et donc moins polarisants. Ces mécanismes algorithmiques ne font qu’accentuer la fragmentation de la perception de la réalité, érigeant des théories marginales en convictions inébranlables pour leurs adeptes. La chambre d’écho numérique se mue dès lors en caisse de résonance des certitudes.

La confirmation des croyances

Cette caisse de résonnance numérique, dans laquelle d’aucuns passent plus de temps qu’à converser avec leurs semblables de chair et d’os, renforce les croyances préexistantes des individus en leur présentant des informations qui confortent leurs points de vue. Cette dynamique s’avère particulièrement dangereuse lorsqu’elle s’applique à des sujets clivants tels que la santé, la politique ou l’écologie. Ainsi, les antivax trouvent en ligne des communautés qui valident leurs opinions, quand bien même elles se heurtent à des montagnes de preuves scientifiques sur l’importance des vaccins.

Les bulles de filtres isolent les individus

Une radicalisation croissante des points de vue

Ces bulles de filtres ne se contentent pas de renforcer les croyances existantes, elles les radicalisent. Lorsque nous ne sommes exposés qu’à des informations qui confortent notre vision du monde, nous nous crispons sur nos opinions et nous nous fermons à la discussion. Cette polarisation se manifeste dans les débats publics, où les opinions se font de plus en plus tranchées et où le dialogue constructif cède le pas à des confrontations hostiles, propices à l’audimat – et aux urnes. Les algorithmes sociaux, en favorisant cette polarisation, contribuent sans le vouloir à une société fragmentée où la compréhension mutuelle devient chimérique.

Il existe un lien direct entre l’utilisation des réseaux sociaux et la polarisation des idées

Des études menées par le Pew Research Center montrent d’ailleurs que cette polarisation croissante est étroitement liée à l’augmentation de l’utilisation des réseaux sociaux. Les utilisateurs tendent à s’engager plus intensément avec des contenus qui reflètent leurs croyances, exacerbant les divisions sociales et politiques. La dynamique de renforcement mutuel à l’œuvre dans ces communautés hermétiques empêche toute remise en question salutaire des points de vue, ancrant des convictions qui résistent à toute preuve contraire. La vérité devient relative, prisonnière des désirs de chacun.

Le conflit entre désir et réalité

Cette situation met en lumière le conflit fondamental entre désir et réalité, thème central de la condition humaine que la philosophie a longuement exploré.

Platon, dans ses dialogues, souligne que le désir naît d’un manque, d’une absence dans notre réalité présente. Ainsi, le désir n’existe que parce que nous ressentons un vide à combler. Spinoza, dans son Éthique, décrit quant à lui le désir comme une force motrice, une puissance qui nous pousse à agir et à transformer notre réalité pour satisfaire nos volontés. Ces perspectives philosophiques mettent en évidence l’interdépendance profonde entre désir et réalité, constamment opposés, formant le noyau de l’expérience humaine.

Baruch Spinoza conçoit le désir comme une puissance

Dans le contexte numérique actuel, les plateformes de réseaux sociaux qui nous prodiguent des gratifications instantanées amplifient nos désirs au détriment de la reconnaissance des faits objectifs. Ces gratifications immédiates renforcent le principe de désir, rendant plus ardue encore la prise en compte de la réalité.

Le principe de désir exacerbé

Sigmund Freud père de la psychanalyse

Sigmund Freud, père de la psychanalyse, a introduit les concepts de principe de plaisir et de principe de réalité pour décrire les forces motrices de l’esprit humain. Le principe de plaisir, ou principe de désir, se réfère à la tendance innée de l’individu à rechercher une satisfaction immédiate de ses besoins et de ses désirs. Il s’agit d’un moteur puissant qui oriente nos actions vers des gratifications instantanées et des expériences plaisantes. En opposition, le principe de réalité nous incite à différer cette gratification immédiate en prenant en compte les contraintes et les exigences du monde extérieur.

Un conflit essentiel pour notre développement psychologique

Ce conflit entre désir et réalité est fondamental pour notre développement psychologique, car il nous apprend à tempérer nos pulsions pour mieux nous adapter à la société. Avec l’avènement de l’hyper personnalisation numérique, ce conflit est exacerbé par des plateformes qui prodiguent à foison des gratifications instantanées – likes, partages, commentaires – rendant le principe de désir prééminent et érodant notre capacité à reconnaître et à accepter les faits objectifs lorsqu’ils ne soutiennent pas notre vision personnelle du monde.

Les réseaux sociaux creusent l’écart entre idéal et réalité

Les plateformes numériques, en particulier les réseaux sociaux, permettent aux utilisateurs de créer des avatars et des profils qui reflètent leurs idéaux plutôt que leur réalité. Sur Instagram, les filtres embellissants et les publications savamment sélectionnées présentent une version idéalisée de soi. Cette construction numérique répond certes à notre désir de reconnaissance et d’admiration, mais creuse également le fossé entre réalité et perception de soi. Les utilisateurs finissent par croire en cette version idéalisée, oubliant que la réalité est souvent plus complexe et moins parfaite.

Les avatars Facebook existent depuis 2019

Cette dissociation entre image idéalisée et réalité peut engendrer des problèmes de santé mentale. Des études, comme celle publiée dans le Journal of Social and Clinical Psychology, montrent que l’usage intensif des réseaux sociaux est corrélé à une hausse de l’anxiété, de la dépression et de la faible estime de soi. Cette dissonance cognitive entre perception de soi en ligne et réalité quotidienne nourrit un mal-être qui s’amplifie avec le temps. Le désir, en prenant le pas sur la réalité, devient source de souffrance.

L’effacement du principe de réalité

Alors que le principe de désir est amplifié, le principe de réalité, qui nous enjoint à prendre en compte les conditions objectives du monde, s’efface progressivement. Cette déconnexion a des répercussions profondes sur la santé mentale. Des études ont montré une corrélation entre usage excessif des réseaux sociaux et troubles tels que l’anxiété, la dépression et une faible estime de soi. Les individus comparent leur réalité imparfaite à des illusions numériques parfaites, engendrant un sentiment d’insuffisance et de frustration.

Conséquence de cet effacement : une croissance des communautés extrêmistes

Cet effacement du principe de réalité mène à une croissance des croyances extrêmes

Les communautés en ligne extrêmes illustrent également les dangers de l’hyper personnalisation. Des groupes radicaux trouvent des espaces où leurs idées les plus extrêmes sont non seulement tolérées, mais encouragées. Ces espaces virtuels permettent aux individus de se radicaliser sans jamais être confrontés à des opinions contraires. La réalité objective devient une notion lointaine, éclipsée par une réalité subjective où tout est possible et où les faits n’ont plus d’importance.

Un exemple frappant de cette radicalisation est la prolifération des groupes extrémistes sur les plateformes comme Facebook et YouTube, où les algorithmes recommandent des contenus de plus en plus radicaux pour maintenir l’engagement des utilisateurs, comme l’a révélé une étude de l’Université de Londres. La personnalisation algorithmique transforme les opinions en certitudes et les hypothèses en vérités, érigeant des murs invisibles mais puissants entre les différentes factions de la société. Le principe de réalité, garant de notre ancrage dans le monde objectif, se trouve sacrifié sur l’autel du désir et de la gratification immédiate.

Les conséquences sociétales de l’hallucination collective

Les conséquences de cette hallucination collective, pourtant fondamentalement individuelle, ne se limitent pas à la sphère privée. Elles se répercutent sur l’ensemble de la société, affectant la langue, la communication et la cohésion sociale.

La langue et la vérité

Notre langue, outil essentiel pour structurer notre pensée et notre communication, est mise à mal par cette hyper personnalisation. La langue française, régie par des normes établies par l’Académie française, assure la clarté et la précision des échanges. Cependant, lorsque les mots perdent leur sens précis et deviennent malléables selon les perceptions individuelles, la communication devient chaotique.

Prenons l’exemple du débat sur le genre, où le terme « femme » s’est fragmenté en une multitude de définitions subjectives, souvent guidées par des exceptions érigées en vérités absolues pour satisfaire l’ego de ceux qui ne se reconnaissaient pas dans la définition pourtant bien officielle du terme. Si chaque individu peut définir le mot à sa guise, il devient impossible de mener des discussions cohérentes sur les droits, les rôles et les attentes associés à ce terme.

Sans définitions communes, nous ne pouvons plus échanger

Cette distorsion de la langue contribue à la fragmentation et à une incompréhension profonde au sein de la société. Lorsque les mots perdent leur sens commun, la réalité elle-même devient insaisissable. Nous ne pouvons plus discuter de manière constructive, car nous ne partageons plus les mêmes référents. Cette confusion linguistique devient le symptôme d’une perte de contact avec la réalité objective, exacerbée par la personnalisation omniprésente dans le monde numérique.

La confusion linguistique mène à une isolation des individus et à une incapacité à évoluer collectivement

L’Académie française souligne ainsi l’importance de maintenir une langue claire et précise pour préserver la qualité du débat public et la cohésion sociale. La diversité des définitions personnelles des mots entraîne une incompréhension mutuelle qui fragmente la société en groupes incapables de communiquer efficacement.

Si l’on ajoute à cela les conséquences de l’effacement du principe de réalité, on obtient des communautés qui haïssent toute personne n’étant pas en accord total avec leurs visions du monde, aussi fantaisistes soient-elles. Et, comble de l’ironie, ces communautés qui exigent que la société inclue leur vision différente du monde finissent par rejeter, souvent avec violence, toute personne ayant une compréhension divergente de la leur. La tyrannie de la subjectivité mène à l’impossibilité de communiquer et à la discorde.

La fragmentation de la société

Les réalités multiples engendrées par l’hyper personnalisation numérique conduisent à une fragmentation sociale sans précédent. Les individus, emmurés dans leurs bulles de filtres, perdent la capacité de comprendre et de tolérer des perspectives divergentes. Cette division se manifeste avec acuité dans les conflits sociaux et politiques, où les visions du monde deviennent de plus en plus irréconciliables. Les débats sur des sujets aussi cruciaux que l’immigration, le climat ou la santé publique sont souvent envenimés par des visions radicalement opposées, chacune étayée par des contenus numériques distincts, dénués de nuances et hyper personnalisés.

Ces bulles de filtres finissent par mettre à mal la cohésion sociale

Cette situation met en péril la cohésion sociale et la capacité à trouver des solutions communes aux défis collectifs. Lorsque chaque groupe évolue dans sa propre réalité, le dialogue et la collaboration deviennent des chimères. La société se fragmente en communautés de plus en plus isolées, chacune convaincue de détenir la vérité absolue. Cette dynamique s’avère particulièrement dangereuse dans un contexte où la coopération est essentielle pour résoudre des problèmes globaux tels que le changement climatique, les pandémies ou les inégalités économiques.

Si chacun vit dans son monde nous navons plus de réalité partagée

Des analyses menées par des institutions de renom comme le Pew Research Center mettent en évidence le rôle des algorithmes des réseaux sociaux dans l’alimentation de cette polarisation croissante, en favorisant les contenus clivants. Ces réalités parallèles entravent une compréhension commune des enjeux sociétaux et exacerbent les conflits. La chambre d’écho numérique dont nous parlions précédemment devient donc une chambre de résonance des discordes, menaçant le tissu même de notre société.

Les IAs comme source de savoir

L’avènement des intelligences artificielles (IA) génératives utilisées comme sources de savoir fait émerger une nouvelle dimension de ce problème. Les IA, en fournissant des réponses uniques et prédéterminées à des questions complexes, éliminent souvent la diversité des points de vue. Des assistants virtuels comme Siri ou Alexa, ou même des modèles de langage avancés comme Claude ou ChatGPT, tendent à fournir des réponses standardisées qui ne reflètent qu’une seule facette d’une vérité potentiellement multiforme.

L’intelligence artificielle renforce les biais et préjugés existants

Les intelligences artificielles répliquent les biais sur lesquels elles sont entraînées

Les IA utilisées comme sources de savoir peuvent ainsi renforcer les biais existants et limiter l’exposition à des perspectives diverses. Le MIT a également montré récemment que les réponses fournies par les IA peuvent perpétuer les biais des données sur lesquelles elles sont entraînées, conduisant à une vision du monde encore moins nuancée et de plus en plus biaisée. Cette homogénéisation de l’information menace d’effacer les confrontations de points de vue, rendant encore plus ardue la remise en question et le débat constructif.

Et surtout, les intelligences artificielles isolent encore plus les individus

L’utilisation croissante des IA pour obtenir des informations ajoute une couche supplémentaire à la bulle de filtres, car les utilisateurs reçoivent des réponses qui confortent leurs attentes plutôt que de les inciter à la réflexion. La capacité des IA à apprendre et à s’adapter aux préférences des utilisateurs signifie qu’elles peuvent perpétuer les mêmes cycles de désinformation et de confirmation des biais, amplifiant les divisions déjà existantes. L’IA, en cherchant à nous plaire, risque de nous enfermer dans un confort intellectuel qui étouffe toute pensée critique.

Conclusion : L’urgence de revenir à une réalité partagée 

Le défi de rétablir une réalité objective

Dans un monde où les illusions numériques façonnent notre perception du réel, le défi est immense mais impératif : rétablir une base de réalité partagée et objective. La personnalisation numérique, tout en offrant des avantages en termes de confort et de satisfaction personnelle, se révèle dangereuse lorsqu’elle distord la vérité et fragmente la société. Il est urgent de prendre conscience des périls que représente cette hyper personnalisation et d’encourager des interactions ancrées dans des faits et des réalités communes.

Des biais invisibles, insensibles, indolores

Les biais algorithmiques et les bulles de filtres sont d’autant plus insidieux qu’ils sont invisibles pour la plupart des gens. La majorité des utilisateurs ne se rend pas compte qu’ils sont prisonniers d’une chambre d’écho numérique.

Cette inconscience se renforce à travers une réticence naturelle à se confronter à des réalités qui remettent en question nos croyances et notre vision de nous-mêmes. Habitués à être traités comme des rois du monde numérique, où chaque clic et chaque like nous confortent dans notre bon droit, il est douloureux de prendre conscience de notre inadéquation au monde réel. Admettre que nous nous trompons, que notre vision du monde peut être biaisée, est un exercice difficile que peu de gens sont prêts à entreprendre.

Initiatives, limites et rôle de la science

Face à ces défis, les réseaux sociaux comme Facebook et X (anciennement Twitter) ont récemment pris des mesures pour lutter contre la propagation des fake news sur leurs plateformes. Ces initiatives incluent la mise en place de systèmes de vérification des faits, le signalement des contenus potentiellement trompeurs et la suppression des comptes qui diffusent de manière répétée des informations erronées. Ces mesures sont un pas dans la bonne direction, car elles reconnaissent l’importance de la vérité objective et la nécessité de limiter la diffusion de la désinformation.

Qui peut dès-lors définir ce qui est vrai ?

Cependant, elles soulèvent également des questions épineuses : qui définit ce qui est vrai ? Comment naviguer dans la complexité de sujets où même des études scientifiques peuvent parfois arriver à des conclusions divergentes ? Il est dès lors fondamental de reconnaître que de nombreux sujets ne sont pas binaires, et qu’il n’existe parfois pas qu’une vérité unique et immuable. La réalité est souvent nuancée, multifacette, et il peut exister différentes interprétations légitimes d’un même fait.

Dans ce contexte, la modération des contenus par les réseaux sociaux est un exercice d’équilibriste. Une personnalisation excessive de l’information conduit à la fragmentation et à la désinformation, mais une standardisation totale de la vérité risque de faire taire des voix dissidentes mais légitimes et d’appauvrir le débat public.

Au risque de déplaire, toutes les voix ne sont pourtant pas égales

Dans ce paysage complexe, il devient nécessaire de reconnaître que toutes les voix ne sont pas égales. Chacun a le droit de s’exprimer, mais tous les avis ne se valent pas, car ils ne sont pas tous étayés par le même niveau de connaissance et d’expertise. C’est pourquoi il est essentiel de valoriser autant que possible la vérité objective et de donner une place prépondérante à la rigueur scientifique et à l’expertise.

En effet, c’est cette démarche scientifique qui permet de remettre en question les certitudes, de faire progresser notre compréhension du monde et d’améliorer continuellement notre société. Les dogmes, qu’ils soient religieux, sociétaux ou culturels, ont tendance à biaiser notre perception de la réalité. Ils imposent une « vérité » qui n’est souvent basée que sur la vision de celui qui l’impose, sans fondement factuel solide.

La démarche scientifique permet une remise en question constante

La science, en revanche, s’efforce d’éliminer ces biais en suivant une méthode rigoureuse, basée sur l’observation, l’expérimentation et la vérification par les pairs. Elle permet ainsi de s’approcher d’une vérité aussi objective que possible, même si cette vérité peut être dérangeante ou aller à l’encontre de nos croyances. C’est cette vérité objective qui doit être le fondement sur lequel nous bâtissons une société harmonieuse et équitable.

Bien sûr, la science n’est pas parfaite et les scientifiques peuvent aussi avoir leurs biais. Mais la beauté de la démarche scientifique réside justement dans sa capacité à s’auto-corriger, à remettre en question ses propres conclusions quand de nouvelles preuves émergent. C’est cette humilité et cette ouverture à la révision qui font la force de la science et qui devraient inspirer notre rapport à la vérité dans tous les domaines de la société.

Un appel à la prise de conscience et à l’action collective

Toutefois, toutes les initiatives imaginables ne seront efficaces que si une volonté collective de sortir de cette illusion émerge. Pourquoi faire l’effort de se dégager de cette douce hallucination alors que le monde réel, si déstabilisant, ne nous considère que pour ce que nous sommes vraiment ? Parce que c’est la notion même de nation et de cohésion sociale qui en découle.

Si nous ne partageons plus rien avec nos voisins, pourquoi faire preuve de solidarité ? Poussons le vice plus loin : pourquoi accepter de payer des impôts si c’est pour financer des projets dans lesquels nous ne nous reconnaissons pas ? C’est cette cohésion sociale qui rend la vie en société acceptable. Si elle disparaît, c’est le concept même de société qui devient caduc.

En rétablissant une base commune de réalité, nous pouvons espérer restaurer une forme de cohésion sociale et de compréhension mutuelle, éléments essentiels au bien-être de notre société. Cette réflexion invite chaque lecteur à s’interroger sur la nature de sa propre réalité et à reconnaître l’importance d’une vérité objective dans un monde dominé par les illusions numériques. Nous devons nous rappeler que, aussi séduisants soient nos désirs, la vérité objective demeure une fondation inébranlable sur laquelle construire une société plus saine et plus unie.

Prenons le temps de secouer les consciences et écrire sans compromis, libérant ainsi notre créativité et contribuant à un dialogue plus authentique.

Agissons ensemble pour valoriser cette vérité partagée, afin de bâtir un avenir collectif qui, à défaut d’être parfaitement harmonieux, aura au moins l’occasion d’être solidaire. Car en fin de compte, n’est-ce pas dans le réel, aussi imparfait soit-il, que réside notre humanité commune ?

Image de Pierre Celimene

Pierre Celimene

Pierre est un passionné de digital, professionnel dans ce domaine depuis 20 ans. Il a vu évoluer le web ces dernières années, et assiste à l'émergence des Intelligences Artificielles depuis plusieurs années, avec un regard de l'intérieur.
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