Le bouc émissaire version vingt-et-unième siècle

Rituel expiatoire 2.0 : Matzneff, bouc émissaire des nouveaux prêtres du Bien, sacrifice moral qui lessive les consciences tardives.

La chasse en meute à l’encontre de l’écrivain Gabriel Matzneff a pris les allures d’un grand rituel expiatoire informel pour tenter de purifier rétroactivement une époque qui donne mauvaise conscience aux nouveaux prêtres du camp du Bien.

Comme il est dit dans l’Ancien Testament, «Dieu demande que le grand prêtre, après avoir sacrifié un bouc, prenne un bouc vivant, mette sur la tête du bouc tous les péchés du peuple, puis le chasse dans le désert.» Dans le pays des Droits de l’Homme où les homosexuels peuvent défiler le cul à l’air dans les rues de Paris, le camp du progrès juge nécessaire de donner au bon peuple un bouc émissaire à sacrifier après lui avoir assené tous les péchés susceptibles de troubler la société des bien-pensants.

Qu’importe ce qu’a fait ou non Gabriel Matzneff, qu’importe la virginité de son casier judiciaire, puisque ce qui lui est reproché sont ses écrits, par ceux qui ne l’ont jamais lu. Maintenant que la théorie du genre est banalisée et que l’avortement est constitutionalisé, les nouveaux prêtres peuvent bien sacrifier un écrivain déclaré banni, afin de calmer un peuple demeuré malgré tout bégueule, pendant que la loi s’apprête à légaliser l’euthanasie, le suicide assisté et bientôt la gestation pour autrui.

C’est le rôle du bouc émissaire, mais pour être crédible il fallait pouvoir reprocher à la victime expiatoire un crime impardonnable de lèse-société. Quel est le crime impardonnable de l’écrivain condamné par la doxa ? Celui d’être sincère avec lui-même et avec ses lecteurs, celui de se confesser sans contrition, celui d’avoir été insouciant et prodigue.

Car aujourd’hui, celui qui a voix au chapitre, c’est le geignard qui pleure en public, soit pour se repentir, soit pour faire étalage des prétendues souffrances dont il a été victime jadis. Au temps où les victimes sont devenues des héros, il est intolérable d’avoir été joyeux, si ce n’est heureux, quitte à être pécheur sans renier son passé.

Un dessin dystopique du bouc émissaire littéraire

Conclusion par Une Autre Voix

Tant qu’il restera des tribunaux médiatiques prêts à crucifier le premier « coupable idéal », nous aurons besoin de récits qui rappellent qu’aucune société ne tient longtemps sur la délation, le slogan et la vindicte expresse. La Question Interdite de Valérie Gans est de ceux‑là : un roman qui, derrière une intrigue haletante, démonte minutieusement la mécanique du bannissement sans procès et les dégâts collatéraux qu’il provoque chez victimes et accusateurs.

Alors, avant que la prochaine meute ne brandisse vos tweets comme pièces à conviction, offrez‑vous ce détour salutaire : vous y trouverez des personnages qui résistent, doutent et, surtout, revendiquent le droit élémentaire de… se défendre – luxe devenu subversif, paraît‑il.

Plongez sans tarder dans La Question Interdite et faites‑vous votre propre opinion. Lisez‑la, partagez‑la, discutez‑la – parce qu’à force de sacrifier des boucs émissaires, il ne restera bientôt plus personne pour allumer le moindre contre‑feu à la bien‑pensance.

Image de Charles-Henri d'Elloy

Charles-Henri d'Elloy

Depuis toujours, j’éprouve le besoin d’écrire pour me comprendre et être moi-même, puisqu’ ici-bas, seules les choses nommées existent. Risquer d’être lu, c’est aussi se confesser au monde entier. Toute confession exige la sincérité qui a pour préalable la liberté, car, il n’y a pas de sincérité sans liberté. Si la plume est mon arme contre la soumission et le mensonge, c’est parce que je ne connais qu’elle. Lorsque la cause est juste, il faut que le mot le soit tout autant, c’est dans cette recherche de la justesse que je trouve mon délice.
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